« Je suis faite de ce que je vois… »
« Surtout ne vous arrêtez pas… continuez de peindre ! »
C’est en ces termes prometteurs, presque prémonitoires, que la jeune artiste d’alors, Joséphine de Saint Seine, reçut des mains de Pierre Carron (Grand Prix de Rome 1960 et Président de l’Académie des beaux arts), l’un de ses tous premiers prix de peinture : le Prix Lesquivin-Garnier ; c’était en novembre 2000, il y a bientôt 10 ans.
Cet élogieux encouragement, presque une prière, ne restera pas lettre morte et confortera Joséphine de Saint Seine dans sa détermination à consacrer sa vie à la création artistique, et plus particulièrement à la peinture : une vocation précoce, née d’une attirance de longue date pour l’Art sous toutes ses formes, que celui qui fut son premier professeur et qu’elle considère aujourd’hui comme son maître, le peintre José Miguel, su développer et accompagner au cours de ses premières années d’apprentissage (1995 – 1996).
Par la suite, fréquentant un temps l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris puis la section Arts plastiques de la Sorbonne, c’est finalement dans la solitude de son atelier (à Paris, à Londres, à Marseille…), face à son chevalet et expérimentant sans cesse sa toile, qu’elle apprit ce qu’elle appelle son « métier de peintre » ; durant sept longues années, alliant sa création picturale à d’autres modes et techniques d’expression comme la photographie, le marouflage, le monotype ou encore la gravure, elle a acquis cette maturité qui fait aujourd’hui de cette jeune femme une artiste accomplie au talent reconnu, auteur d’une œuvre forte d’environ deux cents créations dont plus de la moitié a déjà su séduire bon nombre d’acquéreurs, et non des moins exigeants.
Pour Joséphine de Saint Seine, être peintre n’a jamais été un rêve… et encore moins un exutoire ; mais, bien au contraire, une quête qu’elle mène au prix d’un travail multiple et acharné dans lequel sa volonté de témoigner de notre époque s’affirme pleinement. Pour s’en convaincre, si besoin était, il suffit de s’attarder sur telle ou telle de ses toiles qui, dans un geste pictural novateur et inventif, et mieux que n’importe quels mots, atteste de son intérêt tant pour notre environnement naturel qu’urbain : de ses premières périodes Les arbres et le chemin d’Apremont, hommage au village de son enfance et Bambiland, son plaidoyer bellifontain pour une forêt rendue à elle-même, à sa série Pylônes électriques ou encore Battersea Power Station, cette usine désaffectée près de la gare de Waterloo à Londres, et Trellik tower, un immeuble londonien « très moche » des années 70… jusqu’à, plus récemment, ses Marseille panoramique qui projettent une vision métamorphique et métaphorique de sa cité phocéenne d’élection, tout concourt à l’homogénéité et au concret de son engagement quotidien que signe singulièrement l’ensemble de son œuvre.
Ces différentes périodes jalonnent le parcours d’une artiste talentueuse, à la créativité « en mouvement » et à la sensibilité exacerbée. Artiste, mais également artisan accomplie, expérimentant de nouvelles techniques, variant formats et supports, travaillant longuement ses pigments et allant jusqu’à enchâsser elle-même ses toiles… comme pour mieux faire corps tant avec les matières qu’avec les outils de son art.
Actuellement, Joséphine de Saint Seine aborde une nouvelle période de son déjà long parcours pictural en s’investissant dans la réalisation d’une nouvelle série de toiles grand format, Plans et plantes ; un travail, tout en dépouillement, qui confronte judicieusement et de manière particulièrement originale nature et culture avec ruralité et urbanisme, ses thèmes de prédilection.
« Joséphine de Saint Seine, née à Paris en 1974, a grandi à Apremont, un petit village de Picardie. » Artiste peintre à la sensibilité photographique indéniable et au regard calme et profond, elle vit et travaille à Marseille depuis plusieurs années, privilégiant d’abord la peinture à l’huile, sans exclusive néanmoins.
Philippe Lemonnier (2009)
Photographe et écrivain voyageur